C’est de René Char, dans « Le nu perdu » (Ed. Poésie/Gallimard),
ce texte somptueux qui n’appelle, à mes yeux, nul autre commentaire que celui d'une
sonate de Haydn (par exemple...), à écouter à la nuit tombée, de préférence :
Où passer nos jours à présent ?
Parmi les éclats incessants de la hache devenue folle à son tour ?
Demeurons dans la pluie giboyeuse et nouons notre souffle à elle. Là, nous ne souffrirons plus rupture, dessèchement ni agonie ; nous ne sèmerons plus devant nous notre contradiction renouvelée, nous ne sécrèterons plus la vacance où s'engouffrait la pensée, mais nous maintiendrons ensemble sous l'orage à jamais habitué, nous offrirons à sa brouillonne fertilité, les puissants termes ennemis, afin que buvant à des sources grossies ils se fondent en un inexplicable limon.
Rafal Blechacz, pianiste par RevisezVosClassiques