Garder le secret.


Hier soir, dans l’avion du retour, me préparant à devoir raconter, en truffant le récit d’anecdotes et de moments de vérité, brusquement, délaissant le spectacle, à ma gauche, de la lente descente, chaloupée, vers Orly, je lis ceci, de Jean Grenier (cité par J-B Pontalis dans le dernier numéro de la NRF, « Je & Moi ») que je recopie aussitôt, mot à mot, - vous pensez… -, consciencieusement, sur mon cahier bleu, et que j’encadre, une fois ou deux, au moins : 
J'ai beaucoup rêvé d'arriver seul dans une ville étrangère, seul et dénué de tout. J'aurais vécu humblement, misérablement même. Avant tout, j'aurais gardé le secret. Il m'a toujours semblé que parler de soi-même, me montrer pour ce que j'étais, c'était précisément trahir quelque chose de moi, et le plus précieux. (in Les îles)