Notre infinie propension à la joie
Inactuelles, les considérations émises par
Friedrich Nietzsche sur le travail ? Jugez-en plutôt avec ces réflexions citées
par le groupe d’économistes Krisis,
de Nuremberg, dans ce Manifeste contre le
travail, publié aux éditions « Osez la république sociale », et
auquel je souscris volontiers, tant tout cela tombe particulièrement à point
nommé, en vérité :
Le travail est désormais assuré d'avoir toute la
bonne conscience de son côté : la propension à la joie se nomme "besoin de
repos" et commence à se ressentir comme un sujet de honte. "Il faut
bien songer à sa santé" - ainsi s'excuse-t-on lorsqu'on est pris en
flagrant délit de partie de campagne. Oui, il se pourrait bien qu'on en vînt à
ne point céder à un penchant pour la vita
contemplativa (c'est-à-dire pour aller se promener avec ses pensées et ses
amis) sans mauvaise conscience et mépris de soi-même. (in Le Gai Savoir)
On se rend maintenant très bien compte, à l'aspect
du travail [.], que c'est là la meilleure police, qu'elle tient chacun en bride
et qu'elle s'entend à entraver vigoureusement le développement de la raison,
des convoitises, des envies d'indépendance. Car le travail use la force
nerveuse dans des proportions extraordinaires, il retire cette force à la réflexion:
à la méditation, aux rêves, aux soucis, à l'amour et à la haine. (in Aurore)